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Matthieu Lesueur, coach en productivité, spécialisé dans le domaine scolaire, et surtout dans la relation parent-enfant à la maison, nous donne quelques et astuces pour développer de bonnes habitudes qui changeront notre quotidien.

Qu’est-ce qu’une bonne habitude ?

Identifier les bonnes habitudes, c’est vrai que c’est on va dire que, c’est le début du travail et ses bonnes habitudes on les retrouve déjà à l’école. Il y a également les connaissances, mais aussi les compétences qu’on travaille à l’école, par exemple : la concentration, l’autonomie, la méthodologie…on peut retrouver en mathématiques et en français la mémorisation. Ce sont des compétences qu’on travaille tous les jours.

Donc les bonnes habitudes à mettre en place à la maison, ce sont toutes les habitudes qui concernent ses compétences, par exemple, l’organisation, qui fait défaut à beaucoup de personnes, notamment des étudiants, également des salariés… et bien, dès l’enfance, on peut travailler le sens de l’organisation, par exemple en concevant un planning : on s’organise en organisant le travail personnel à la maison.

Pourquoi instaurer une bonne habitude ?

Les bonnes habitudes à la maison, en fait c’est vraiment la base du travail du travail scolaire et surtout du travail personnel. L’époque où il suffisait de travailler à l’école pour réussir et progresser dans la société, ou même dans le monde professionnel, cette époque est dépassée aujourd’hui. Ce sont vraiment les compétences quotidiennes personnelles qui permettent d’élever le niveau et ensuite d’atteindre les meilleurs résultats. Ce que je répète assez souvent aux parents, c’est que les bonnes notes, ce sont des conséquences de bon niveau et ce ne sont pas des objectifs. Et pour avoir un bon niveau, il faut avoir les habitudes de personnes qui ont un bon niveau donc des bonnes habitudes de travail.

Comment choisir une bonne méthode ?

La meilleure façon de choisir les bonnes méthodes, c’est de se concentrer sur le plaisir qu’on prend en appliquant ces méthodes. Une bonne méthode, c’est une méthode qui nous plaît. Il vaut mieux une méthode qui sera de qualité moyenne, mais qui nous plaît, plutôt qu’une méthode excellente qu’on utilisera, on va dire, “à reculons”. Donc le plus important selon moi dans les habitudes de travail, surtout les habitudes quotidiennes, c’est de voir l’apprentissage comme une activité familiale plaisante.

Et donc il faut que chaque membre de la famille puisse s’épanouir à travers ses habitudes, et que l’enfant puisse également s’épanouir et prendre du plaisir dans l’apprentissage. Donc les bonnes méthodes, ce sont celles qui nous plaisent.

Doit-on imposer un planning dans un foyer ?

Concevoir un planning est nécessaire. Imposer un planning, par contre, ce n’est pas du tout ce que je conseille. Car le but, c’est d’impliquer au maximum l’enfant dans le processus d’élaboration. Évidemment il y a des enfants qui sont trop trop jeunes pour savoir ce qu’il faut faire, quand il faut le faire. Par contre on peut les inciter à réfléchir à travers des questions. Ils n’ont peut-être pas la réponse aujourd’hui mais avec la répétition des questions, ils arriveront petit à petit aux réponses.

Concernant le planning, il faut déjà revenir à la définition de “planning”, concevoir un planning, en fait, c’est apprendre à s’organiser et se repérer dans le temps. Par exemple, lorsqu’on dit à un enfant : “tu as encore droit à 5 minutes de télé”, 5 minutes c’est quoi ? 5 minutes, ça représente 300 secondes… Qui compte les 300 secondes ? Personne.

Donc lorsqu’on dit à un enfant “il te reste 5 minutes de télé” en fait, il ne sait pas ce que représentent ces cinq minutes. Par contre si on l’aide à se repérer avec une horloge puis un planning, ça lui permet de mieux s’organiser, d’organiser ses activités dans le temps.

Je rappelle que l’expression “gestion du temps”, ça ne veut pas dire grand chose. On ne gère pas le temps, on gère nos activités dans le temps en faisant des plannings, en se chronométrant, etc.

Donc concevoir un planning en famille, puis un planning individuel, selon moi c’est une étape nécessaire pour développer le sens d’organisation des enfants et également améliorer l’organisation de la famille.

Par contre, imposer, ce n’est pas ce que je conseille. On peut guider de manière très subtile, on peut utiliser quelques formulations en termes de communication qui seront bien choisie. Par contre, imposer, c’est l’inverse de l’autonomie : ça empêche l’enfant d’apprendre à s’affirmer, d’apprendre à réfléchir et à trouver ses propres réponses.

Comment garder les bonnes habitudes ?

C’est vrai que prendre de bonnes habitudes, c’est bien, mais les garder c’est mieux.

Et la meilleure façon de garder les habitudes, c’est déjà de les appliquer soi-même : le piège dans lequel tombent la majorité des parents qui me contactent, c’est qu’ils utilisent mes conseils pour les imposer à leurs enfants.

Ils disent à leurs enfants “Fais ça !”, et moi ce que je leur dis, c’est que on ne peut pas enseigner ce qu’on ne maîtrise pas. Donc on ne pourra pas faire perdurer une habitude que nous n’avons pas nous-mêmes. On peut prendre l’exemple de la lecture : lorsqu’un parent me dit “mon enfant ne lit pas”, la première question que je lui pose est : “est-ce que vous, vous lisez ?”, “est-ce que vous lisez devant votre enfant ?”, “est-ce que vous lisez devant votre enfant régulièrement ?” et c’est plus en prenant ses bonnes habitudes pour soi, en changeant nous-mêmes, qu’on arrive plus facilement du coup à transmettre ses habitudes à l’enfant. Et comme on le fait soi-même, c’est beaucoup plus facile de les faire perdure. Maintenant, évidemment il y a une question de discipline. Ce que j’aime dire, c’est que la motivation c’est un mélange d’enthousiasme et de discipline. L’enthousiasme c’est la motivation à court-terme, donc c’est là où on prend des bonnes habitudes. Par exemple, les résolutions de nouvelle année. Par contre, c’est la discipline qui va permettre de durer dans le temps. Et comment on travaille la discipline ? Et bien là le conseil que je propose, c’est de prendre n’importe quelle activité et de la réaliser tous les jours. Par exemple, je dis à certains adolescents qui veulent progresser en maths : “tu fais deux exercices tous les jours”, et le plus important c’est qu’ils le fassent tous les jours. Ça leur permet de développer la discipline, et ils savent que chaque jour qui passe il y a deux exercices à faire. Et plus ils augmentent leur discipline, plus ce sera facile pour eux de faire perdurer les habitudes.

Comment éliminer les mauvaise habitudes prises par l’enfant ?

Prendre de bonnes habitudes passe parfois par changer ses habitudes. Et donc éliminer de mauvaises habitudes. Et c’est vrai que c’est une question qui peut paraître difficile : “comment éliminer ses mauvaises habitudes” ? Généralement la réponse est assez simple : c’est se concentrer déjà sur les bonnes habitudes, en diminuant la volonté de vouloir tout changer tout de suite. Il faut plutôt voir sur le long terme. Les mauvaises habitudes émettront de la résistance. Il y a un livre que j’affectionne énormément concernant ce sujet, c’est “Atomic Habit”, où l’auteur indique qu’on peut uniquement changer de 1% tous les jours. Cela permet de diminuer énormément la résistance des mauvaises habitudes, et en se concentrant sur les bonnes habitudes petit-à-petit, on peut avoir des résultats prodigieux en 1 an, 10 ans… donc “comment éliminer les mauvaises habitudes” : il s’agirait plutôt de se concentrer sur les bonnes habitudes mais sur le long terme et arrêter de se mettre la pression sur le court terme.

A quel âge instaurer les bonnes habitudes à son enfant ?

On peut se demander effectivement à partir de quel âge on devrait commencer à réaliser ce travail concernant les bonnes habitudes. Et selon moi la question ne se pose pas vraiment parce que la parentalité commence bien avant l’arrivée de l’enfant. Cela veut dire que les bonnes habitudes qu’on aimerait que l’enfant ait, il faut déjà les développer en soi. Donc le parent, même si toute personne, même si elle n’a pas encore d’enfants, toute personne peut commencer à développer ses bonnes habitudes chez elle, et une fois que les bonnes habitudes sont instaurées chez nous, ce sera beaucoup plus facile de les transmettre par la suite à l’enfant. La transition sera beaucoup plus fine. Maintenant il reste à savoir “Qu’elles sont les bonnes habitudes à mettre en place ?” et bien déjà, la mise en place d’un planning est donc dans un planning je pense que la première chose qu’on devait mettre instaurer dans un planning, ce sont les moments, les espaces de vie “perso’”, les moments où on se fait plaisir. Ca peut être par exemple pour une famille, des jeux en famille, un puzzle tout simplement. Ça peut être des sorties au cinéma, des sorties en famille, des sorties à la plage…c’est pour bien mettre en avant la priorité. Et la priorité c’est quoi ? C’est profiter de sa vie aujourd’hui. Et en fonction du temps qui reste, on pourra organiser notre vie professionnelle et notre travail.

Les autres habitudes, qu’elles sont-elles ? Et bien par exemple, c’est lire un livre. Alors on se demande “oui mais je n’aime pas lire, comment je fais ?”. Et bien moi, comment j’ai commencé à lire ? Tout simplement, je me suis dit “je lis dix pages tous les jours”. Et donc je marchais toute la journée avec un livre dans ma main, pour me rappeler que j’ai un livre à lire et pour me rappeler que j’ai mon objectif de 10 pages par jour. Avec l’habitude, je me suis rendu compte que je pouvais aller aux 15-20 pages, puis un livre en une semaine. Donc encore une fois, c’est commencer tout petit. De petites habitudes à changer dans le quotidien. Et par la répétition, on arrive à augmenter la cadence, à augmenter le volume de travail et également à augmenter les résultats. Donc l’âge importe peu. Évidemment on ne va pas interagir avec un bébé de 6 mois comme avec un gaillard de 15 ans. Non. Par contre lorsqu’on change déjà nos propres habitudes, on se rend compte que c’est beaucoup plus facile de communiquer avec l’autre. Et justement à côté du travail sur les habitudes, l’autre travail reste la communication parentale, la communication avec l’enfant. Et pareil, les enfants, ce sont des êtres humains. Donc qui dit, “communication avec enfants”, dit “communication de manière générale avec des êtres humains”, donc c’est toujours un changement à faire en soi-même, qui sera par la suite transmis chez l’autre.

Le mythe des 21 jours pour s’habituer est-il vrai ?

Il y a un mythe concernant les fameux 21 jours pour instaurer une nouvelle habitude. Alors même si ça existait, même s’il y avait une vérité scientifique derrière cela, c’est une moyenne. C’est un peu comme par exemple, la concentration maximale d’un adulte en moyenne est de 30 minutes : c’est une moyenne. On n’est pas obligé de s’attacher à ces 21 jours, à ces trente minutes pour instaurer une bonne habitude. Il y a un livre que j’adore et que je conseille, qui s’intitule “Comment devenir un optimiste contagieux”, et dans ce livre l’auteur donne par exemple la technique des 20 secondes. Lorsqu’on veut instaurer une nouvelle habitude, il vaut mieux éviter qu’il y ait plus de 20 secondes entre le moment où on décide de passer à l’action et le moment où on passe à l’action. Par exemple, c’est la raison pour laquelle je marchais avec mon livre quand j’ai voulu me mettre vraiment à lire. S’il me fallait plus de 20 secondes pour trouver mon livre et commencer à le lire, j’aurais eu la flemme, j’aurais penser à faire autre chose. Par contre, comme il y avait moins de 20 secondes, dès que j’avais l’idée, je me mettais à lire. Et c’est la même chose dans le quotidien. En diminuant le temps de passage à l’action. Il y a beaucoup de livres d’ailleurs sur ce sujet, qui conseille justement de diminuer le moment où on a une idée et le moment on passe à l’action pour concevoir cette idée. Plus on réduit cet intervalle de temps, plus il est facile d’instaurer de nouvelles habitudes.

Un dernier conseil pour les parents ?

Parmi tous les conseils que je donne aux parents pour mieux accompagner leurs enfants à la maison, il y en a deux sur lesquels je reviens tout le temps, même si les parents ne comprennent pas forcément tout de suite. Le premier conseil, c’est de travailler dans le salon. Un enfant, par exemple de 12 ans, alors 12 ans on est CM2, 6ème, limite 5ème, ça dépend de l’avancée des enfants, et bien à cet âge-là, on est incapable d’être seul dans une pièce pour travailler. On est facilement distrait, donc afin d’éviter que l’enfant soit facilement distrait tout seul dans sa chambre et qu’on se retrouve comme un vigil assis à côté lui à vérifier qu’il fait bien son travail, on peut carrément faire en sorte que tout le monde travaille en même temps dans le salon. En tant que parents, j’ai juste besoin de lever les yeux pour savoir si mon enfant est en train de travailler ou s’il est perdu dans ses pensées. Donc ça c’est le premier conseil. Le deuxième conseil, c’est de donner une durée à la concentration. Et même au travail de manière générale. C’est beaucoup plus facile de dire “concentre-toi 10 minutes sur cet exercice” que de dire, “concentre-toi.” En donnant une durée pour le travail, l’enfant, il sait qu’à la fin, qu’il ait fini ou pas l’exercice, il peut se reposer. Donc le plus important, c’est pas forcément de finir l’exercice. D’abord le plus important c’est déjà d’augmenter ses compétences, d’augmenter le niveau, d’augmenter la concentration, d’augmenter la discipline, l’autonomie, la motivation. Comme je le disais, les bonnes notes, ce sont des conséquences de mon niveau, ce ne sont pas des objectifs. On peut obtenir des bonnes notes en trichant, on peut obtenir des bonnes notes en répondant au hasard aux questions. Par contre pour obtenir des bonnes notes grâce un bon niveau il faut développer ce bon niveau. Et cela passe par quoi ? Les habitudes à la maison. Et ses habitudes à la maison, elle passe par quoi ? Et bien notamment la durée du travail qu’on s’accorde. J’aime bien prendre l’exemple des évaluations. Une évaluation, c’est un peu comme une chasse au trésor. Le plus important, ce n’est pas de montrer qu’on est intelligent et j’aime bien le rappeler à mes élèves. Le plus important en ce moment, qu’on soit intelligent ou non, le plus important c’est qu’on soit capable en 1 heure, en 2 heures ou 4 heures d’obtenir tous les points demandés. Exactement une chasse au trésor. Donc il faut être capable de trouver les points. Il faut aussi être capable de les trouver dans le temps imparti. Temps imparti dit chronomètre, donc vitesse de travail. En fixant une durée au travail, ça permet à l’enfant également de réguler et d’améliorer sa vitesse de travail et donc d’être plus performant le jour J en évaluation.