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Fév

Les activités extra scolaires sont importantes pour l’équilibre de l’enfant. Qu’elles soient sportives ou artistiques, elles lui permettent de s’épanouir autrement. A travers l’art, l’enfant peut exprimer qui il est et s’affirmer tout en s’amusant.

Quel est l’intérêt de pratiquer l’art pour l’enfant ?

Ce qui est très important, et ce que j’aime beaucoup avec les enfants vraiment très jeunes, c’est qu’ils ne sont pas régis par les codes de la société qu’on nous imposent. C’est à dire souvent la technique : on nous dit que pour faire quelque chose il faut le faire bien. Dans l’art par exemple, ou dans le dessin, souvent on me demande “J’aimerais lui apprendre à dessiner, à faire quelque chose de propre de carré…etc” et moi, ça, j’ai un peu de mal parce que pour moi la technique ça s’apprend. Quand on est né, on ne savait pas marcher, on a appris, on est tombé on s’est relevé et on a fini par y arriver. Maintenant, il y a des gens qui courent le 100 mètres en 9 secondes ! Donc la technique ça s’apprend. Ce qui est important pour moi dans une œuvre d’art, quand on parle d’art, c’est qu’il y a 50% de technique et 50% de ce qui vient de l’intérieur, de ce qu’on exprime. Ce que j’aime avec les enfants, c’est qu’ils ne sont tellement pas régis par cette pression que la société nous impose face à cette technicité qu’en fait ils s’expriment. Ils n’ont aucun filtre : ils veulent peindre du bleu, ils vont faire du bleu. Ils veulent faire la mer, ils vont faire la mer comme ça. Pour eux c’est la mer parce que c’est bleu. Point. Parce qu’ils ont envie d’exprimer la mer et parce qu’ils expriment la mer comme ça. Et parfois je me dis que c’est presque un peu dommage parce que l’enfant arrive à s’exprimer et après, plus on grandit dans la société, finalement on est obligé d’apprendre à se ré-exprimer. Quand l’âge monte, que je travaille avec des jeunes adolescents, des adultes, c’est vraiment cet axe-là que je choisis parce que, oui la technique pour moi c’est très important, mais tout le monde peut le faire. il y a des tuto sur youtube pour apprendre à dessiner correctement mais t’as aucun tuto vraiment pour t’apprendre à t’exprimer, apprendre ce que tu as à l’intérieur et le faire ressortir. Donc voilà c’est pour ça que moi j’aime beaucoup travailler avec des enfants. Et puis souvent on apprend. Ça crée vraiment un lien : tu vas pouvoir apprendre des choses avec des enfants alors que tu ne les connais pas. C’est la première fois que tu les vois mais ils sont dans l’expression pure, dans une forme de lâcher prise… nous aujourd’hui en tant qu’adulte on cherche le lâcher-prise. Mais eux ils y  sont déjà en fait. C’est marrant parce qu’on a l’impression qu’à chaque fois on doit revenir à ce qu’on était, comme si on se perdait en chemin. Plus on grandit, on a des poils blancs et on va vers l’âge de la sagesse, et bien apparemment pas tant que ça. Il faut retourner chercher ce qu’on était enfant pour se retrouver. Mais ouais ils vont vraiment s’exprimer et on va apprendre beaucoup de choses alors qu’on les connaît pas.

Par exemple, “Ah mais c’est sympa, qu’est ce que tu as voulu dire ?” “J’ai pris le bleu parce que ma maman est prof de natation.” “Ah mais pourquoi le trait rouge ?”  “C’est parce que  moi j’ai peur de l’eau.” “Ah bon pourquoi tu as peur de l’eau ?” “J’ai peur de l’eau parce que quand j’étais petit je suis tombé c’est pour ça que je veux pas aller dans l’eau mais bon je n’ai jamais dit à ma maman”. Je dis ça, c’est un exemple parce que je l’ai vécu et ça a permis finalement après d’en parler avec les parents et qu’ils se rendent compte qu’effectivement à chaque fois qu’ils sentaient qu’il y avait un problème, ils ne voyaient pas d’où ça venait. Et voilà en un petit cours de dessin comme ça c’est venu. Parce que l’enfant ici tout simplement s’est exprimé et moi j’adore ça en fait. Je préfère partager ce genre de choses avec un individu, en l’occurrence un enfant, plutôt que lui apprendre pour tracer un trait il faut le faire comme çan faut choisir telle ou telle chose… ça me fait plaisir aussi, mais je préfère vraiment voir que la personne qui est en face de moi, quand je suis là pour partager mon savoir, s’exprime et arrive à prendre ce qu’il y a à l’intérieur.

A quel âge peut-on commencer l’art ?

Je pense qu’il n’y a pas vraiment d’âge. Moi quand on me demande quand est-ce que tu as vraiment commencé, je n’arrive pas à mettre une date ou un âge. Les enfants sont des éponges, avec ce qu’on appelle la période de maturation (la période qui va jusqu’à huit, voire douze ans durant laquelle l’enfant absorbe tout) : un enfant qui va faire du cheval à 5 ans, s’il en fait plus jamais de sa vie et qu’il arrive à 40 ans, qu’il réessaie, il en fera mieux que quelqu’un qui n’en a jamais fait parce qu’il l’a mis dans un tiroir et c’est resté là. Donc pour moi en fait y’a pas d’âge. J’ai la chance d’avoir vécu ça avec ma maman : dès que je faisais un truc elle me laissait faire. Donc elle a vu que j’ai commencé à dessiner elle m’a laissé dessiner. Elle a vu que je commençais à peindre elle m’a laissé faire. Elle me laissait faire un peu tout et donc je pense qu’il n’y a pas vraiment d’âge. Je pense que l’essentiel c’est qu’à partir du moment où on voit un enfant aller vers quelque chose, il faut laisser-aller. Si on a les moyens de pouvoir l’aider à aller un peu plus loin, on l’aide. Si on aimerait qu’il découvre autre chose, pourquoi pas lui faire découvrir aussi parce que pour moi tout est complémentaire. C’est pour ça que j’aime dire que je suis artiste pluridisciplinaire. C’est parce que je me nourris des autres outils et des autres échanges et de tout. Je vais toucher un peu à tout. J’ai 37 ans, bientôt 38, et j’apprends encore de nouvelles techniques, donc pour moi y’a vraiment pas d’âge pour commencer. Mais je sais que plus on commence tôt, plus on a de bagages en fait.

Dans l’art il y a plusieurs outils et en tant que graffeur, je peux apporter un outil qu’ils ne connaissent pas trop et qui va intriguer. Maintenant, plus le public est jeune, plus ça va être difficile parce qu’une bombe de peinture c’est assez gros donc c’est difficile d’appuyer mais j’en ai déjà vu peindre avec les deux mains et appuyer sur le pouce. Encore une fois, comme c’est ludique, ils apprennent. Ils ont un petit masque, c’est comme s’ils étaient déguisés, donc ils vont faire deux traits, des petites choses. Souvent ils veulent écrire leur nom, ils y arrivent et ils sont contents, ils ont passé un bon moment. Ils ont pu s’exprimer. Alors des fois on va pas forcément apprendre des choses sur eux mais en tout cas ils se sont exprimés et ils ont découvert un nouvel outil, et ils ont passé un bon moment.

J’ai la chance d’utiliser non seulement la bombe mais aussi le pinceau : je peins avec les doigts, avec des gants, avec plein de choses et ça me permet aussi après de leur montrer. Si on refait des ateliers, par exemple, je leur dis, là on a utilisé la bombe, mais avec la bombe on peut faire aussi ça, et puis ensuite si on met du pinceau on peut amener ça, on peut amener ci… et donc ça leur montre aussi qu’en dehors des textures, des sens, etc les outils sont différents. Mais il y a une forme de complémentarité entre tout ça. Qu’ils comprennent que ce n’est pas un outil = une action. Pour commencer à ouvrir les esprits et faire en sorte qu’ils se rendent compte que, demain même si on parle pas d’art, dans la vie c’est pas parce que ça c’est comme ça qu’il faut que tout doit rester dans des lignes. Il faut leur montrer qu’on peut mélanger les choses. Et puis même si on nous dit qu’on ne peut pas, il faut essayer. C’est ce qui est bien avec un enfant : en général un enfant tu lui dit “mets pas les doigts dans la prise” il va les mettre, il a besoin de tester. Donc c’est essayer aussi de travailler sur ce côté-là : leur dire allez chercher, soyez curieux n’hésitez pas en fait.

En quoi l’art aide l’enfant ?

Pour moi l’art aide à développer énormément de choses chez l’enfant, pour la simple et bonne raison que c’est ludique. Il va s’amuser à le faire. Et je pense que chez l’adulte, le problème c’est qu’on se dit qu’on ne va pas s’amuser, et plus on grandit moins on s’amuse. L’enfant s’amuse, et quand il s’amuse, il est heureux et quand il est heureux il s’exprime et donc pour moi la boucle est bouclée. Quand je travaille avec des enfants je ne vais pas forcément chercher à faire en sorte qu’ils s’amusent parce qu’ils s’amusent déjà en fait. Ils sont déjà heureux d’être là. Quand je travaille avec des adultes ça va être déjà chercher à faire en sorte de trouver le moyen pour qu’ils s’amusent, lâchent prise, se libèrent et ensuite commencer à s’exprimer et aller chercher en profondeur.

L’art peut-il développer les sens de l’enfant ?

Je pense qu’effectivement les sens ont aussi un rapport avec le fait qu’ils vont s’amuser, parce qu’ils vont découvrir des choses. Mais même encore maintenant moi, quand j’utilise certaines bombes je les reconnais à l’odeur. Donc eux ils vont dire “ah mais j’adore le feutre à la rose, ou le feutre à la fraise, ou le feutre au chocolat, parce que ça a une odeur spéciale”. Ils vont vouloir chercher ça. C’est déjà un bon moyen de les intéresser, de les capter. Ils vont s’amuser à faire des choses qui ont des odeurs, qu’ils aiment ou qu’ils aiment moins. Il y a aussi la texture quand on utilise la peinture. Moi je vois, au début de mes premiers ateliers, je disais “Bon alors voilà un pinceau” puis j’explique le pinceau puis je voyais qu’au bout de cinq minutes le pinceau il existait peu ou plus, parce que ça finissait à la main. Il y a des peintures qui sont un peu compact donc c’est amusant quand on appuie, que ça sort entre les doigts, c’est comme si on faisait du pain ou un gâteau. C’est donc tout ça : le toucher et la vue. J’ai choisi de peindre à la bombe parce que quand j’ai fait mon premier coup de bombe sur un mur blanc, l’apport de couleur est quelque chose qui pour moi était magique, et je pense qu’eux c’est la même chose. L’enfant se rend compte de la feuille blanche, il vient poser des choses dessus et il est en train de construire quelque chose qui je pense pour lui est relativement assez fantastique, nouveau, joli. Et puis si en plus il peut l’associer, c’est comme s’il y avait une connexion au niveau des sens. Il va associer les yeux, au toucher, à l’odorat, parfois au goût. Parfois ils goûtent, ou parfois tu t’essuies, tu en as sur la bouche et puis au moment où tu te mouilles les lèvres parce qu’elles sont un peu sèches, tu te rends compte que tu goûtes la peinture. Et là les enfants créent une association.
Moi je sais que je fonctionne beaucoup comme ça : j’essaie de bien comprendre comment je fonctionne, ce que j’entends, et quand je vais rechercher certains moment pour pouvoir les remettre en action lorsque je peins, je vais aller rechercher une sensation, un goût, une odeur, quelque chose que j’ai vu ou que j’ai entendu. Je sais que les enfants peuvent faire ça, et parfois le font inconsciemment. Ils ne peuvent pas vraiment l’expliquer mais ils le font. Et parfois tu entends “oui c’est comme la dernière fois quand j’avais mangé la peinture, et je me souviens j’avais fait tel truc”, là tu te dis “ok d’accord il a enregistré dans son tiroir le fait qu’il avait réussi à faire ça quand il avait mis de la peinture dans sa bouche que ça lui avait piqué la langue etc” donc c’est un tout. Et puis après plus on s’en remet de partout plus on est content et c’est cet aspect ludique et amusant qui fait intervenir tout notre corps et tous nos sens. Parfois j’ai envie de dire encore plus de sens : la connexion entre les sens,c’est comme si ça créait un nouveau sens.

Que peut-on proposer à un enfant débutant ?

Déjà j’aime pas spécialement dire que les enfants “commencent” ou non, parce qu’encore une fois, ça ramène à la notion de technique. Moi je vais en général expliquer le matériel pour qu’ils comprennent et qu’ils sachent comment l’utiliser tout de suite. Ensuite je vais vraiment axer sur le lâcher-prise et comment s’exprimer. Mais c’est très souvent aussi bien au cas par cas dans l’atelier qu’en fonction de la vibe de l’atelier. Je vais peut-être avoir une ligne de conduite à suivre mais je vais vraiment essayer de m’inspirer : je vais partir sur une idée de base en fonction de ce que j’ai entendu dès le début “ah ouai mais j’ai vu telle chose”, “ah mais moi j’aime beaucoup ça” et ensuite je vais essayer de regrouper tout ça. Si je sens que ça part pas dans tous les sens, j’impose une direction. J’aime par exemple dessiner les yeux, même avec des enfants. Ensuite quand ils vont dessiner l’œil, je vais leur dire “ Maintenant ton œil, il veut dire quoi? Qui est-ce qui regarde ? C’est toi, c’est moi ?” “Ah non c’est moi” . Et j’ai essayé de l’amener pour que, grâce à l’œil, il puisse créer quelque chose, il puisse s’exprimer et puis se rendre compte aussi qu’inconsciemment il y a plusieurs niveaux de lecture. Dans mes créations il y a toujours plusieurs couches. Ben là c’est leur montrer que, en dessinant, il y a plusieurs niveaux de lecture. Mais aussi leur montrer que s’ils ne savent pas faire un œil à la perfection c’est pas grave : un œil tu fais un truc comme ça, un trait comme ça, un rond… tout le monde sait que c’est un œil. Tu peux le montrer à n’importe qui, tout le monde le sait. Aussi bien chez les personnes qui n’ont pas de technique que chez les personnes qui ont de la technique, on peut utiliser le même élément. Donc moi j’aime bien partir de ça. Et puis c’est aussi montrer le regard que l’on pose sur les choses. L’oeil c’est ultra important et on peut l’emmener à plusieurs niveaux. Ça m’est déjà arrivé avec des enfants, des plus âgés et des adultes, de faire un œil et à la fin, la personne recouvre tout, parce que ce qu’elle voyait et peut-être, ce que l’œil reflétait, ça ne lui plaisait pas. Ça crée un travail, un travail de réflexion en fait.

Quel conseil donner aux enfants qui débutent dans l’art ?

Le conseil que je peux donner à des enfants qui veulent se lancer, peu importe la discipline, c’est c’est d’y aller, de ne pas réfléchir. C’est de se jeter à l’eau. Déjà si l’enfant pose la question, je pense que c’est qu’on les laisse plus ou moins s’exprimer, donc c’est déjà bien. Et s’ils se trompent, c’est pas grave ! On dit souvent qu’on apprend de nos erreurs : c’est vrai. Moi je trouve que c’est vrai et dans mon métier, ce sont mes erreurs qui me permettent, vraiment , techniquement, d’aller plus loin, de me dire “il ne faut pas le faire comme ça, je vais le faire comme-ci”.
Il ne faut pas hésiter aussi à aller vers les gens ou les artistes qui font la discipline en question. Parce qu’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux on a facilement accès. Avant je crois qu’on disait qu’on était à sept personnes d’une personne connue. Par exemple, on m’avait donné l’exemple d’obama : on est à 7 personnes d’Obama. C’est-à-dire qu’il faut contacter 7 personnes avant de pouvoir l’atteindre. Aujourd’hui on est à rien : tu veux envoyer un message à Rihanna tu peux. Après elle te répondra sûrement pas mais c’est comme ça. Donc aujourd’hui, je pense que ça peut bloquer un petit peu les réseaux sociaux parce qu’il y a une forme d’accessibilité. Mais je trouve que le rapport humain direct est beaucoup plus intense et important et valorisant et fort donc je pense que le plus gros conseil c’est vraiment d’aller physiquement voir les personnes, d’aller à la rencontre des gens.

Déjà je lui dis que je le ou la comprends, parce qu’effectivement c’est pas simple tous les jours. Mais si je peux essayer de les réconforter, c’est que votre enfant fait ce qu’il aime : dans un métier artistique à la base, je pense que c’est une passion. Donc s’ils transforment sa passion en un métier, vous pouvez en être très fiers. Parce qu’il faut le faire. Et deuxièmement votre enfant se réveillera tous les matins en étant heureux. Donc c’est déjà une très très bonne chose. Pour moi, l’argent ne fait pas le bonheur. Ok il y contribue mais il ne fait pas le bonheur. Je pense que ce qu’il y a de plus important entre le poids de la société face à l’argent et le bien-être, c’est le bien-être, pour moi en tout cas. Après effectivement c’est pas facile tous les jours. On dit souvent que le travail paye, moi je suis relativement d’accord avec ça. En tout cas, il paye déjà pour ce que je disais : le bien-être. C’est à dire pour soi-même en fait. Développer des choses, mettre en avant des choses, toucher les gens et développer son art, développer sa passion, son métier et forcément à un moment donné, oui ça paye et ça rééquilibre. Aidez-les en fait : vous connaissez votre enfant, si vous sentez qu’il a vraiment ça en lui qu’il a vraiment envie, donnez lui une chance, poussez-le et aidez-le. En tout cas moi c’est ce qu’on a fait pour moi et aujourd’hui je suis content, je suis heureux et je remercie ma maman d’ailleurs. Merci.

Comment s’y prendre en tant que parent ?

Déjà aller à la rencontre des artistes. Moi je le vois depuis que j’ai mon atelier, il y a beaucoup de gens qui passent, ou qui ont entendu parler du fait que mon atelier était là et viennent me voir. Donc déjà aller voir les artistes, faire des petites recherches. Vous voyez que votre enfant il un crayon, il a une feuille : à son anniversaire au lieu de lui acheter (j’ai rien contre les consoles), mais au lieu d’acheter une console, c’est lui acheter un beau package avec des feuilles différentes, de l’aquarelle, des pastel, des choses comme ça, pour qu’il découvre tous. Le meilleur outil c’est d’être à l’écoute. Quand il utilise un outil, vous pouvez lui fournir 2, 3, ou 4 outils supplémentaires pour qu’il puisse développer cet aspect-là et après il faut l’emmener découvrir plein de choses. Ça peut être : vous allez quelque part et puis vous lui dites “tiens regarde, tu n’aimerais pas dessiner ça ? Regardes tu as vu la lumière ? c’est beau. Tu as vu les couleurs ? C’est quoi comme jaune ?”.

Ca dépend de l’âge mais lui dire aussi “tu penses que c’est quoi comme jaune ? il y a combien de couleurs dans le ciel ? Regarde le dégradé jaune et orange ! Tu dirais que c’est du violet ou du rose?”. Tout est une question de perception : savoir dessiner c’est pas savoir faire un trait, c’est savoir observer dans un espace quelque chose. Donc si l’enfant apprend déjà à observer, à bien regarder, ça va énormément l’aider. Il va pas réfléchir à “mince je veux faire un coucher de soleil mais on m’a toujours dit que le soleil c’est jaune mais hier ils n’était pas vraiment jaune”. Il va commencer à faire travailler son cerveau et demain hop il va dire “Maman, papa vous avez vu le coucher de soleil ?” Et petit à petit, c’est lui qui va en parler. Donc c’est l’aider au niveau des outils et au niveau de l’observation.
Puis après il faut se renseigner auprès des artistes pour vraiment aller prendre des cours pour choisir. Et il faut proposer à l’enfant : c’est pas parce que l’enfant a 4 ans ou 5 ans qu’il ne peut pas lui-même choisir le cours qu’il veut. Des fois les parents viennent me voir et me disent “Ah oui j’aimerais bien lui apprendre à dessiner parce que moi…” et ils font toujours référence à eux. Mais ce n’est pas à vous que je vais apprendre à dessiner ! C’est à  votre enfant : donc votre enfant, il veut quoi lui ? Il aimerait faire quoi ?  Et parfois quand on pose la question à l’enfant, il dit “non mais moi je préfère la couleur”, alors que ses parents, eux, voulaient lui apprendre à dessiner un visage. L’enfant s’en fout de faire un visage, il voulait utiliser des couleurs, toucher la matière, etc. Donc c’est ne pas hésiter à poser la question à l’enfant aussi: “qu’est ce que tu veux faire ? tu aimerais aller où ?”. Pour moi il n’y a pas d’âge : même un bébé je lui parle comme un adulte parce qu’ils comprennent donc il faut leur poser la question.

Quels conseils à donner aux parents pour initier à l’art ?

Un conseil pour les parents : quand ils voient leurs enfants commencer à utiliser la bombe et à se lancer éventuellement dans le graffiti… votre enfant peut ressembler à ça, donc voilà à vous de décider si ça peut vous plaire ou pas !

Mais sinon c’est vrai que le graffiti c’est peut-être pas le meilleur exemple parce que c’est régi par plein de code et il y a plein d’étapes par lesquelles il faut passer pour la légitimité et la crédibilité. Il faut aller voler les bombes, il faut peindre énormément dans la rue. Quand on peint dans la rue, c’est en toute illégalité…donc je comprends que les parents soient un peu réticents maintenant si ça leur fait plaisir je pense qu’effectivement, s’ils sentent que leurs enfants sont vraiment à fond, je ne vais pas inciter les enfants à aller faire tout ce que j’ai cité juste avant, mais c’est de les laisser faire. Et surtout de les orienter sur le fait d’aller rencontrer les artistes, essayer de se tenir informé des festivals, quand il y a des performances. Essayer de commencer à chercher des artistes qu’ils apprécient pour que les enfants aillent rencontrer les artistes. Je pense que tous les artistes sont assez ouverts en Guadeloupe, peu importe la discipline. Même dans le graffiti, pour discuter avec des jeunes etc. Aujourd’hui on est arrivé à un stade où l’artiste pourrait dire aux jeunes “bah écoutes demain je fais un mur, viens !” Et lui apprendre quelques techniques, lui montrer quelques manières de faire et tout simplement vivre le moment. Ça peut accentuer son envie et son amour pour la discipline. Mais c’est encore une fois aller à la rencontre de l’artiste et de ne pas s’inquiéter : tout va bien se passer.

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