Johanna HENRY, professeur des écoles et gérante de Kidipoz, nous fait découvrir les bienfaits du jeu chez l’enfant et comment accompagner l’enfant.
Pourquoi le jeu est si important pour l’enfant ?
Alors le jeu en fait permet le développement global de l’enfant. Il y a une citation très belle qui nous dit que le jeu c’est le travail de l’enfant, c’est sa vie, c’est son métier et je crois que ça résume parfaitement l’idée parce qu’en fait l’enfant va se construire à travers le jeu, il va découvrir le monde qui l’entoure, il va explorer par exemple un petit enfant qui va jouer avec un objet qui va le porter à la bouche ou qui va lui secouer, il va partir à la découverte des sons, il va partir à la découverte du toucher, de tous ses sens au final et le jeu va permettre également de développer la créativité. quand un enfant joue avec ses petites figurines et bien il s’invente un monde imaginaire il va développer son langage en jouant l’enfant va organiser sa pensée, développer sa concentration et puis c’est aussi un facteur très enrichissant de compétences sociales parce qu’en fait en jouant l’enfant va apprendre le partage, à prendre son tour, à respecter des règles comme on l’a dit, au niveau langagier, il va devoir exprimer ses idées, se faire comprendre. Ça va lui apporter du vocabulaire donc le jeu est vraiment au cœur de la vie de l’enfant.
Comment jouer avec l’enfant ?
Je pense que déjà, il faut comprendre à quel point il est important de le faire, parce que l’enfant quand on joue avec lui, il développe sa confiance en lui, il rempli son réservoir affectif, son sentiment de sécurité, c’est lui accorder du temps, c’est pénétrer dans son monde à lui pour lui porter de l’attention et le jeu a également un magnifique pouvoirs de régulateur des émotions parce qu’en fait on va se rendre compte en temps en tant que parent que quand on prend le temps de jouer avec son enfant, au fur et à mesure il va développer des facultés d’autorégulation, il aura beaucoup de moins de frustration beaucoup moins de colère il va apprendre la patience il va apprendre beaucoup de choses, donc ça je crois que c’est déjà la clé. après comment jouer avec lui ? Je pense qu’il faut partir du postulat que c’est son moment et de le laisser guider le jeu c’est fondamental. Qu’il puisse justement avoir sur ce temps-là le pouvoir de prendre des initiatives, fixer ses règles. Alors le jeu avec son enfant ne doit pas obligatoirement durer, même dix minutes par jour c’est déjà fabuleux pour lui ; puis c’est très important aussi, qu’en tant que parent, on déculpabilise parce que quelquefois on n’a tout simplement pas envie de jouer ou pas le temps et ça aussi c’est un apprentissage positif pour l’enfant. Donc lui permettre de s’évader, être à ses côtés dans ces moments là c’est fondamental dans sa construction.
Quel jeu choisir en fonction de l’âge de mon enfant ?
Alors des jeux à choisir en fonction de l’âge de l’enfant, c’est un sujet qui est plutôt vaste parce qu’en fait je crois que justement le plus important, c’est de prendre en compte les goûts et intérêts de son enfant et de comprendre que si le jeu est contrainte, il n’y a pas de plaisir, il n’y a pas d’apprentissage donc l’idée est plutôt de retenir qu’il y a quatre grands domaines de jeu donc souvent les tout petits ils vont être naturellement attirés vers les jeux d’exercices qui permettent effectivement d’explorer, d’explorer leurs sens, de toucher de lancer, de secouer, de marcher donc tout ça c’est assez instinctif chez eux. En grandissant ils vont beaucoup être attirés par les jeux symboliques qui sont les jeux d’imitation parce qu’ils seront en capacité, passé 18 mois-2 ans, de se représenter une situation et c’est un âge où ils vont effectivement se décentrer donc justement commencer à explorer le monde qui les entoure ; donc là aussi c’est formidable, parce qu’à cet âge-là ils vont beaucoup développer le langage par ce type de jeu. Mais il y a aussi les jeux d’assemblage, les jeux de construction, dès un an où les enfants vont être captivés en fait et puis plus tard les jeux de règles : d’abord des jeux à consignes simples pour progressivement aller vers les jeux de société ; mais l’idée c’est que ces quatre grands domaines de jeu interagissent entre eux parce qu’en fait l’enfant ne va pas forcément laisser tomber un de ces domaines pour aller vers un autre. Et au fur et à mesure du temps il va affiner ses goûts et il va affiner un domaine qu’il aime, mais il n’y a pas vraiment de liste clé qu’il faut suivre, non, le point central c’est d’écouter son enfant et ses goûts parce qu’il ne va apprendre en jouant qu’en ayant du plaisir en fait donc le jeu ne doit vraiment pas être une contrainte.
L’enfant peut-il jouer seul ?
Alors déjà comprendre qu’effectivement que l’enfant puisse jouer seul c’est fondamental ; c’est aussi fondamental que de jouer avec lui, mais comprendre surtout que c’est un apprentissage, comme du sommeil, comme plein de choses, c’est un apprentissage et on peut pas attendre du jour au lendemain qu’il joue seul. Alors souvent, effectivement, on aurait aimé qu’il puisse être en capacité de jouer jeune très tôt mais en fait, comprendre déjà ça, c’est la base. Après, paradoxalement, mais en fait ça a tout son sens, plus on jouera avec lui, plus il sera en sécurité affective et plus il pourra jouer seul. Et donc chez certains enfants, c’est plus difficile que chez d’autres mais on peut l’y aider, on peut l’accompagner, on peut dans un premier temps mettre en place le temps de jeu avec lui, commencer avec lui à jouer puis lui laisser des temps d’autonomie de plus en plus long. Alors s’il nous réclame on peut lui poser des questions sur son jeu, montrer qu on y montre de l’intérêt, et puis également lui apprendre la patience : maman termine le repas et ensuite on aura un temps de jeu ; et faire confiance à son évolution parce que ça se fera au fur et à mesure.
Comment faire quand le parent est très sollicité par l’enfant pour jouer ?
Alors déjà je pense que c’est important de lui permettre d’avoir des jeux à disposition, à sa hauteur, des jeux qu’il pourra de lui même accéder, ça peut être de la pâte à modeler, ça peut être des puzzles ça peut être dessiner… en fait qu’il ait déjà, avant même de nous solliciter, peut-être de lui-même l’envie d’aller vers ces activités-là. Ca peut être aussi intéressant dans un premier temps, de fixer un petit rituel mais de le cadrer au niveau du temps, même avec un sablier : on va jouer le temps du sablier et réduire le temps de jeu, comme je disais au fur et à mesure. En fait en fonction de ses phases aussi, s’il est en pleine angoisse de séparation ou si son réservoir affectif n’est pas assez rempli, c’est une façon en fait pour lui de nous dire : maman ou papa j’ai besoin que tu restes avec moi.
Ca va s’exprimer par son envie de jouer et puis aussi ça peut être de lui accorder de l’attention sur d’autres domaines et voir si effectivement ça ne se régule pas, ça ne se met pas en place au fur et à mesure.
Que l’enfant soit unique, ou dans une fratrie, la problématique va rester la même parce qu’effectivement quand il réclame son parent pour jouer, il ne peut pas vraiment avoir de substitut parce que c’est l’attention de son parent dont il a besoin ; et souvent même s’il a des frères et soeurs à coté, certaines fois ils pourront servir de relais mais uniquement si l’enfant a rempli son réservoir affectif donc c’est vraiment le parent qui peut remplir ce rôle et pas le frère ou la soeur.
Il y a-t-il des jeux à conseiller ou à essayer ?
Au niveau des jeux à éviter, j’ai envie de dire les jeux qui n’intéressent pas l’enfant, déjà dans un premier temps, ensuite bien entendu tous les jeux dangereux pour l’enfant qui le mettent en danger, les jeux violents qui représentent de la violence, tant qu’on peut les proscrire ce sera fabuleux et puis les jeux à conseiller, ben j’ai envie de dire aussi les jeux que l’enfant souhaite faire, tout simplement parce que encore une fois, s’il ya une contrainte, ça va pas, ça pourra pas aller donc les jeux qu’il a envie de faire et puis j’ai un petit coup de coeur pour les jeux coopératifs ou en fait on n’est vraiment pas dans le rapport gagnant-perdant mais vraiment dans le rapport où on a joué tous ensemble et on à gagner quelque chose.
Comment faire quand les jeux se jouent sur un écran ?
Selon moi, là en tant que maman, le plus important c’est de bien cadrer le temps d’écran ; Interdire … alors il y a certains parents qui arrivent, après moi j’ai plutôt tendance à me dire que de le cadrer c’est plutôt la solution vers laquelle je tends, d’avoir des temps d’écran réglementés ou l’enfant sait qu’au bout d’un moment ça s’arrête plutôt que de totalement interdire.
Un enfant, peut-il trop jouer ?
Non, un enfant ne joue jamais trop, s’il joue c’est qu’il en a besoin et qu’il progresse, qu’il apprend en fait en jouant donc pour moi un enfant ne peut jamais trop jouer et puis en plus, le jeu peut également être un facteur, justement, d’apprentissage spécifique, ça peut être un support très intéressant si on veut rentrer davantage dans les mathématiques, ou dans une thématique et bien on peut aussi se servir du jeu conçu pour cela en fait.
Faut-il choisir des jouets en bois ou en plastique ?
En fait, effectivement, tout dépend de la démarche dans laquelle on se situe. Après c’est vrai que les jouets en plastique sont souvent publicitaires entre guillemets, donc l’enfant sera souvent attiré vers ces jeux-là par rapport à ce qu’il va voir sur les écrans donc ça va forcément retentir en lui ; maintenant les jouets en bois vont rester, vont être neutres , forcément , et rester directement sur l’apprentissage en fait mais après avec ses jouets publicitaires, entre guillemets, l’enfant aussi il va se construire son monde et il va apprendre des choses donc ils sont complémentaires j’ai envie de dire.
Comment gérer le jeu des enfants en soirée ?
Alors là je vais parler de mon expérience personnelle, c’est vrai que mes enfants en rentrant de l’école effectivement, ils ont encore besoin de beaucoup se dépenser, donc je pense que c’est un peu une demi-mesure donc je leur accorde effectivement ce temps en extérieur de 30 minutes à peu près ; mais après c’est vrai qu’il ne peut pas selon moi trop durer, parce qu’il faut qu’on prévoit le retour au calme, la douche, le coucher donc c’est essayer au maximum, d’écouter l’enfant parce que s’il a envie de jouer c’est qu’il en a besoin – c’est aussi une façon pour lui en fait de déstresser entre guillemets, de sa journée, de relâcher la pression et les énergies qu’il a eu pendant toute la journée et cela passe par le jeu pour lui, donc on est à son écoute, tout en tentant de cadrer, parce qu’effectivement on a une logistique à mettre en place le soir, mais un tant soit peu lui permettre en rentrant effectivement d’avoir ce temps de jeu.
Que faut-il retenir ?
Mais je pense que ce qu’il faut retenir c’est justement le côté fondamental du jeu dans la construction de l’enfant, dans la construction de sa personnalité, et puis de lui proposer une variété de jeu et d’aller vers son intérêt vers ce qu’il aime.
Et puis il y a aussi un petit point que j’ai oublié de souligner, c’est de dire qu’il est vraiment indispensable de ne pas lui proposer trop de jeu, qu’il ait trop de choix, qu’on le mette en situation de surcharge cognitive et en fait il va papillonner il ne va pas vraiment aller, il ne va pas vraiment exploiter le jeu comme il devrait donc ça peut être de lui proposer des jeux différents, à une certaine fréquence, une fois qu’on se rend compte qu’il a vraiment fini avec le jeu et qu’il est prêt à passer à autre chose.